jeudi 9 juin 2011

Dossier: La souche de la bactérie identifiée


Le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC), basé à Stockholm, a confirmé ce jeudi l'identité de la bactérie qui a déjà tué 18 personnes semait la zizanie en Europe. Il s'agit d'unesouche rare d'Escherichia coli.
"La souche, isolée à partir de cas provenant de l'épidémie en Allemagne, n'a jamais été vue dans une épidémie auparavant", a déclaré un porte-parole de l'OMS à Genève, Gregory Hartl. "Elle a été vue dans des cas sporadiques et très rares."
L'OMS dément ainsi de facto les résultats d'une étude publiée par des chercheurs de l'université de Hambourg-Eppendorf et de l'entreprise chinoise de biotechnologies BGI-Senzhen selon lesquels cette soucheest "totalement nouvelle".
Les recherches se poursuivent avec de nouveaux outils. L'Institut fédéral allemand pour l'évaluation des risques (BfR) a mis au point un nouveau test, en coopération avec des chercheurs français de l'Agence nationale de la sécurité sanitaire (Anses), pour détecter la bactérie dans les aliments.
La bactérie d'origine qui a déjà tué 18 personnes continue de semer la zizanie en Europe, Madrid réclamant ce jeudi des dédommagements après la mise en cause de ses concombres tandis que Moscou décrétait un embargo sur les légumes européens.
Ce jeudi, l'Allemagne a annoncé un nouveau décès, une femme âgée qui a succombé dans un hôpital de Hambourg (nord). Le bilan passe ainsi à 17 décès en Allemagne, et 18 au total avec celui annoncé en Suède mardi. La Grande-Bretagne a à son tour signalé des cas d'infection à la bactérie E.coli (Eceh), tous liés à l'Allemagne.
Rapidement désignés comme le vecteur de la maladie par les autorités sanitaires de Hambourg, épicentre de l'épidémie, les légumes espagnols sont désormais hors de cause. La Commission européenne a levé mercredi soir la mise en garde qui pesait sur eux.
Mais les dommages sont considérables pour l'agriculture espagnole, qui a vu ses exportations s'effondrer. Le Premier ministre du pays José Luis Rodriguez Zapatero est monté au créneau ce jeudi pour réclamer à l'Union européenne des "dédommagements des préjudices provoqués".
La veille, son ministre de l'Intérieur Alfredo Perez Rubalcabasa n'avait pas exclu une plainte contre les autorités de Hambourg.




DOSSIER: La bactérie tueuse


Concombre contaminé: comment se transmet la bactérie?

Alors que plusieurs pays suspendent les importations, les autorités sanitaires rappellent les règles d’hygiène habituelles: se laver les mains, éplucher les légumes, les faire cuire...
Alors que des hôpitaux allemands sont submergés par les malades, les autorités sanitaires allemandes et européennes recherchent toujours l'origine d'une bactérie transmise par la consommation de concombres qui semble avoir fait un onzième mort lundi. La Belgique et la Russie ont décidé d'arrêter l'importation de concombres espagnols

Quand s’est déclarée l’épidémie?
Les premiers cas sont apparus en Allemagne il y a environ trois semaines, avec des centaines de cas d’infection se traduisant par des diarrhées banales ou éventuellement sanglantes, des maux de tête et de vives douleurs au ventre. Les cas sont intervenus particulièrement dans le nord de l’Allemagne. Aujourd’hui on compte plus de 300 personnes infectées, trois décès formellement attribués à la bactérie et huit autres en cours d’analyse.
Des cas confirmés ou suspects chez des personnes ayant voyagé en Allemagne ont été rapportés en Suède, aux Pays-Bas, au Danemark, en Grande-Bretagne, en Suisse, en France et en Autriche. L’incubation est de 7 à 15 jours.

Quelle est la bactérie incriminée?
Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), la souche précise de la flambée actuelle est «très rare». Il s’agit d’un sous-type de la bactérie Escherichia coli produisant des shiga-toxines. Certaines peuvent provoquer des hémorragies intestinales (entéro-hémorragies), voire, dans 5 à 8% des cas, des troubles rénaux connus sous le nom de syndrome hémolytique et urémique (SHU), surtout chez le jeune enfant et pouvant être mortels. Pour cette épidémie, la répartition des cas graves est «très atypique», selon l’ECDC, avec une proportion d’adultes de 86%.

Comment se transmet la bactérie?
Le réservoir principal de ces bactéries est le tube digestif des ruminants. La transmission à l’homme se fait soit par contact direct avec des animaux contaminés ou avec l’environnement contaminé par leurs excréments, soit en consommant des aliments — viande hachée crue ou mal cuite, lait cru mais aussi salades et légumes contaminés par le sol — ou de l’eau contaminée, soit par «contact direct» avec une personne dont l’hygiène ne serait pas rigoureuse.
Cette fois-ci, il semble que des concombres issus de cultures sous serres en Andalousie soient à la source de la contamination, mais sans certitude «à 100%». Il n’est pas exclu que la contamination ait pu se produire le long de la chaîne de distribution.
Que recommandent les autorités sanitaires?
Les autorités sanitaires rappellent les règles d’hygiène habituelles: se laver les mains avant chaque repas et après chaque passage aux toilettes et, concernant les fruits et légumes, les laver, les éplucher ou les faire cuire avant de les consommer.
Les autorités françaises soulignent que le dispositif de surveillance a été renforcé.
En Allemagne, en attente de certitudes sur le produit incriminé, le ministère de l’agriculture a déconseillé la consommation de tomates crues, concombres, salades.
En Autriche, les autorités sanitaires ont retiré du marché des concombres, tomates et aubergines provenant des distributeurs espagnols concernés. Ils ont demandé aux consommateurs qui en auraient déjà acheté de les jeter.
Que se passe-t-il du côté de la production?
Selon la Commission européenne, les serres des deux entreprises d’où sont partis les lots incriminés ont été fermées et des échantillons de terre, d’eau d’irrigation et de produits utilisés pour les cultures ont été prélevés. Des contrôles réalisés sur des lots de concombres d’une des entreprises n’ont rien donné, les résultats de contrôles dans la deuxième devraient être rendus publics ce lundi.
Le grossiste importateur en France a rappelé des concombres en Bretagne, distribués en restauration commerciale et collective, mais sans avoir de retour de marchandise.
(Source AFP)